Citoyenneté
 
 

COMMUNIQUE DE PRESSE

 
 

Aujourd’hui, mardi 03 février 2004, l’assemblée nationale examine le projet de Loi portant sur le port des signes religieux à l’école. A cette occasion, la Fédération des Associations des Marocains de France (AMF), en tant que structure associative qui a milité depuis plus de quarante années,  pour l’établissement des droits des populations migrantes dans ce pays et pour le respect total des Droits Humains, ici comme ailleurs notamment dans les pays d’origine de ces populations, entend porter à la connaissance de l’opinion publique et à la communauté nationale les éléments suivants :

1.       l’AMF considère que les termes dans lesquels la question du voile dit islamique, qui a monopolisé le débat public dans la scène politique et médiatique pendant de longs mois, au point d’occulter l’ensemble des problèmes de la société, est une manœuvre politique qui ne peut que se retourner contre ces promoteurs.

2.       l’AMF considère que cette manœuvre vient pour jeter un voile obscure, d’une part sur l’incapacité des pouvoirs publics à répondre aux défis que pose et n’a cessé de poser la question de la place des populations migrantes dans la société française, et d’autre part sur la politique sécuritaire orientée, notamment contre les populations migrantes, et dont une des illustrations concrètes s’est traduite par l’adoption de la loi du 26 novembre relative à la maîtrise de l’immigration et celle du 10 décembre relative au droit d’asile, lois menaçant en profondeur l’existence même de ces populations en négation avec les principes élémentaires des droits humains tels que reconnus par l’ensemble des conventions internationales.

3.       l’AMF considère que l’attachement à la laïcité n’a de sens que s’il se conjugue avec le droit inaliénable de chaque personne à l’enseignement et à l’émancipation, droit qui ne peut être entièrement garanti que dans le cadre de l’école publique ouverte à toutes et à tous.

4.       l’AMF considère que ce projet de loi non seulement ne peut résoudre le problème qu’il est sensé régler mais il se traduirait, dans le cas où il serait mis en œuvre, par l’exclusion effective de certaines jeunes filles de l’école publique, et par la stigmatisation d’une partie importante de la communauté nationale et le développement de sentiments d’incompréhension et d’injustice de celle-ci à l’égard de la République.

5.       L’AMF, attachée à l’égalité totale entre les hommes et les femmes dans tous les domaines de la vie de société comme valeur fondamentale, dénonce et combat toutes les formes de discrimination faites aux femmes notamment les femmes immigrées en France. Elle n’a cessé de dénoncer les lois françaises, les accords bilatéraux ou encore les lois et us des pays d’origine qui, au détriment des conventions internationales et européennes, portent encore atteinte à la femme : excision, mariage forcé, répudiation.

6.       Consciente des dangers du moment historique que traverse le pays et de l’exploitation que ne manqueraient pas de réaliser les adversaires de la République et de la Laïcité de cet abatage médiatique, Considère que seule la mise en œuvre d’une véritable politique volontariste de lutte contre toutes les formes de discrimination touchant les migrants et leurs enfants, ayant pour objectif leur insertion effective dans le tissu économique et social et garantissant leur participation complète à la vie publique et politique, est capable de promouvoir une citoyenneté à part entière pour tous.

Compte tenu de ce qui précède l’AMF, ne peut que manifester son opposition totale à ce projet de loi tout en appelant d’abord les membres de la représentation nationale, mais aussi tous les démocrates et les épris de justice à œuvrer pour une vraie politique d’intégration telle qu’elle a été ci-dessus définie.

Fait à Saint Denis le …03/02/2004..

Pour le Conseil d’administration

Le bureau fédéral.